A l’ère de l’IA, quels impacts d’une démarche numérique responsable sur les entreprises et les utilisateurs ?


Dans un monde où la digitalisation s’est généralisée, la maîtrise des effets environnementaux de cette transformation globale des usages s’impose aujourd’hui comme un enjeu prégnant : la mise en œuvre d’une démarche numérique responsable globale, au sein d’une entreprise ou organisation, est une étape importante, de la prise de conscience vers la réduction progressive des impacts. D’autant plus dans un contexte de développement généralisé de l’IA qui induit une consommation croissante de données. Focus dans cet article sur le Green IT, l’IT for Green, l’écoconception des services numériques, les datacenters, les normes ISO afférentes et, par extension, la façon dont la perception des enjeux climatiques influence aujourd’hui le choix des consommateurs et citoyens.

Visuel montrant sur des teintes de vert un environnement stylisé de datacenters avec des éoliennes en arrière plan

Le contexte : l’explosion du volume de données, stockées, traitées et générées avec une accélération due à l’IA

Selon l’ADEME, le numérique est à l’origine d’environ 2,5% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France en 2019 (source : A quelles conditions le numérique peut-il favoriser la transition écologique ?). Et les projections à 2030, 2050, 2060 ne vont pas dans le sens d’une réduction.

Même si elles ne sont pas encore communes dans les entreprises, où les politiques RSE commencent néanmoins à s’imposer, les pratiques numérique responsable – qui s’inscrivent dans la responsabilité sociétale – participent d’une prise de conscience individuelle et collective. Une telle démarche s’articule autour de trois piliers essentiels :

  1. Green IT
  2. IT for Green
  3. Ecoconception

Dans le détail de ces trois entrées Green IT, IT for Green et écoconception…

1. Green IT : une stratégie pour une informatique verte

Les études menées par l’ADEME soulignent que l’adoption de politiques Green IT pourraient entraîner une réduction des émissions de CO2 du secteur TIC jusqu’à 15% d’ici 2030. Des sites de référence tels que GreenIT.fr (le collectif des expert de la sobriété numérique et du numérique responsable) promeuvent l’importance de l’écoconception des équipements informatiques et la virtualisation des serveurs comme moyens efficaces pour atténuer l’impact environnemental.

2. IT for Green : le numérique au service de la durabilité

Que ce soit par le développement de systèmes de gestion intelligente de l’énergie pour les bâtiments ou par la création d’applications soutenant une agriculture durable, l’IT for Green détient un potentiel significatif pour réduire les émissions globales de GES. L’étude Carbon4 FinanceLe numérique : un secteur déconnecté des enjeux du climat – souligne le rôle crucial de cette approche dans l’accélération de la transition écologique, montrant comment les technologies numériques peuvent améliorer l’efficacité énergétique et soutenir les initiatives vertes.

3. L’écoconception : Vers des services numériques durables

Cette pratique implique la sélection de matériaux à faible impact environnemental pour le matériel informatique et le développement de logiciels optimisés pour une moindre consommation d’énergie. Un rapport de Greenpeace révèle que l’écoconception pourrait diminuer l’empreinte carbone du secteur numérique de 30% en moyenne, en améliorant la durabilité et la recyclabilité des produits.

L’étude de Carbon4 Finance, citée ci-dessus, réaffirme l’importance vitale de l’écoconception, soulignant son potentiel pour réduire significativement l’empreinte carbone du secteur grâce à des pratiques innovantes et responsables.

L’écoconception de sites interne émerge comme une pratique essentielle pour minimiser l’empreinte écologique du secteur numérique jusqu’au grand public. Cette approche se concentre sur la conception de sites web plus légers, moins énergivores et optimisés pour une efficacité maximale, tant en termes de performance que de consommation de ressources.

Des agences telles que Ouest Médias illustrent parfaitement comment l’écoconception web peut être envisagée non comme une contrainte mais comme un axe de progrès. Cela en privilégiant des designs simples, en réduisant le poids des pages, en optimisant les images et en refusant l’utilisation de vidéos. Il est alors possible de créer des plateformes qui se chargent plus rapidement et consomment moins d’énergie sur les serveurs et les appareils des utilisateurs.

L’impact de l’IA sur l’environnement

Parallèlement, l’impact de l’intelligence artificielle sur l’environnement souligne une autre facette préoccupante de l’urgence écologique dans le secteur des TIC, les Technologies de l’Information et de la Communication.

Comme le souligne l’étude sur Reporterre (mai 2023), Intelligence artificielle et climat : quelques espoirs, beaucoup de pollutions, bien que l’IA porte en elle le potentiel de résoudre des problèmes complexes, y compris dans le domaine de la protection environnementale, son empreinte carbone actuelle est loin d’être négligeable.

Le processus d’apprentissage des modèles avancés d’IA est très énergivore : il génère une quantité significative de CO2, parfois comparable à l’empreinte carbone laissée par cinq voitures sur toute leur durée de vie…

Cette réalité contraste avec l’espoir placé dans l’IA comme outil potentiel pour le suivi et la réduction des impacts environnementaux. Les travaux de Reporterre rappellent donc l’importance d’intégrer des principes d’écoconception adaptés à l’IA pour améliorer son efficacité énergétique et favoriser l’utilisation d’énergies renouvelables dans les infrastructures qui la soutiennent.

Il est aussi impératif pour les acteurs du numérique d’adopter des mesures innovantes pour réduire l’empreinte écologique de l’IA. Cela inclut le développement d’algorithmes plus économes en énergie, la construction de data centers verts et l’engagement vers une neutralité carbone.

Ces efforts visent non seulement à atténuer les impacts négatifs de l’IA sur l’environnement mais aussi à exploiter au mieux son potentiel pour contribuer positivement à la transition écologique, dans le respect des objectifs à l’horizon 2050.

Quelles sont les normes ISO relatives aux datacenters pour un avenir plus durable ?

Les normes et critères définis par les certifications écologiques garantissent une approche mesurable de la durabilité des datacenters. Plusieurs normes ISO sont en jeu (*) :

ISO 14001 : Systèmes de management environnemental. Cette norme internationale aide les organisations à améliorer leur performance environnementale à travers une gestion plus efficace des ressources et une réduction significative des déchets. Son adoption par les datacenters marque un engagement sérieux envers la réduction de l’impact environnemental des opérations informatiques.

ISO 50001 : Systèmes de management de l’énergie. Cette norme est essentielle pour les datacenters dans leur quête d’optimisation énergétique. En se concentrant sur l’amélioration continue de la performance énergétique, elle permet aux centres de données de minimiser leur consommation d’énergie et, par conséquent, leur empreinte carbone.

ISO 14064 : Gaz à effet de serre. Cette famille de normes offre les outils nécessaires pour quantifier et gérer les émissions de gaz à effet de serre (GES). Pour les datacenters, l’adoption de cette norme est un pas vers la transparence et la responsabilité environnementale, permettant de communiquer quant aux efforts de réduction des émissions.

ISO 14040 : Management environnemental et analyse du cycle de vie. Cette norme fournit un cadre pour évaluer l’impact environnemental des activités des datacenters de leur création à leur démantèlement. Elle souligne l’importance d’une perspective globale en matière de durabilité.

ISO 14046 : Management environnemental et empreinte eau. Reconnaissant l’impact significatif de la consommation d’eau dans les opérations des datacenters, cette norme aide à évaluer et à réduire l’empreinte eau, soulignant l’importance de la gestion durable de cette ressource.

Ces normes forment donc un cadre solide pour les datacenters désireux d’affirmer leur engagement RSE. Elles permettent non seulement d’évaluer les performances actuelles mais aussi de fixer des objectifs clairs pour l’avenir. En adhérant à ces standards, les datacenters démontrent leur volonté d’une amélioration continue, alignant leurs opérations avec les principes du développement durable.

(*) Ressource complémentaire :

Quels sont les bénéfices pour les entreprises de l’adoption de normes ISO orientées numérique responsable et durabilité ?

L’adoption de telles normes et des pratiques de durabilité numérique, notamment le Green IT, l’IT for Green et l’écoconception, se voit considérablement valorisée avec l’introduction de la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), entrée en vigueur au 1er janvier 2024.

Cette nouvelle réglementation, en imposant des exigences précises en matière de reporting de l’impact environnemental, social et de gouvernance (ESG), va inciter – voire contraindre – les entreprises à embrasser pleinement les pratiques relevant du numérique responsable.

Les avantages compétitifs et économiques impulsés par le Green IT pour les entreprises

Les entreprises adoptant des stratégies axées sur l’efficacité énergétique, notamment via le Green IT, bénéficient de réductions significatives de leur consommation d’énergie, générant ainsi des économies considérables.

Le rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie sur Digitalisation et Énergie souligne comment la digitalisation peut optimiser l’utilisation de l’énergie à travers divers secteurs, affirmant que les technologies numériques ont le potentiel de transformer l’efficacité énergétique des entreprises. Cette optimisation conduit non seulement à une baisse des dépenses énergétiques jusqu’à 30%, mais aussi à une amélioration de la performance globale de l’entreprise.

Une autre étude réalisée par Carbone4 met en avant le fait que la directive CSRD transcende la simple conformité légale pour se transformer en un levier stratégique distinctif pour les entreprises. En se positionnant en précurseurs par l’adoption de pratiques durables transparentes, les organisations ne se contentent pas d’améliorer leur visibilité sur les marchés financiers, elles anticipent et minimisent également les risques associés aux futures obligations réglementaires, tout en affirmant leur leadership dans le mouvement vers une économie plus verte.

De plus, l’alignement sur les critères de la CSRD et la démonstration d’un engagement soutenu envers la durabilité font écho aux attentes d’un grand public de plus en plus sensible aux questions écologiques, encourageant la fidélisation des clients existants et l’attraction de nouveaux.

Cette démarche écoresponsable contribue également à renforcer l’image de marque de l’entreprise, lui conférant un potentiel avantage concurrentiel quand la valeur accordée aux comportements éthiques et responsables par les consommateurs ainsi que les investisseurs est en constante progression.

Les avantages perçus par les utilisateurs… qui sont des citoyens !

Dans un monde de plus en plus connecté, les utilisateurs ne sont pas seulement en quête de produits et de services de qualité… ils recherchent également l’éthique qui devient un critère de choix des les marques qu’ils soutiennent. Les entreprises qui prennent l’initiative d’adopter des pratiques durables comme le Green IT, l’IT for Green et l’écoconception envoient le signal positif d’un tel engagement.

A l’échelle d’un site web, la prise en compte des critères de durabilité, dès le cahier des charges, améliorera l’expérience utilisateur. L’écoconception de sites web aboutit à des plateformes plus rapides, plus efficaces et plus agréables à utiliser, ce qui augmente en retour la satisfaction des utilisateurs.

Toujours dans cette optique numérique responsable, choisir des hébergeurs web green comme Infomaniak ou Datacampus montre un engagement envers des pratiques vertueuses.

L’utilisation d’outils de mesure, comme ceux proposés par The Green Web Foundation, permet aux entreprises et aux utilisateurs de vérifier et d’adopter des solutions d’hébergement plus écologiques.

Mathis Munier


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Prochaine parution le 13/04/24